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Michael Stifel

Michael Stifel

On attribue souvent l’invention des carrés magiques à enceintes, ou à bordures, à Bernard Frénicle de Bessy (1693), ou même à Blaise Pascal (1654).
En réalité ce type de carré magique, qui a suscité de nombreuses études et méthodes de construction, a été présenté pour la première fois en Occident par Michael Stifel dans son ouvrage : Michaelis Stifelii – Arithmetica integra – Norimbergae (Nuremberg) Jo. Petreius, in4°, 1544, donc bien antérieurement aux travaux de Frénicle et de Pascal.

Cependant on trouve une méthode de construction des carrés magiques à enceintes d’ordre pair et impair, dans le Traité de l’arabe El-Bouni (+1225), qui a été analysé par Carra de Vaux (1947). Les carrés magiques à enceintes étaient donc connus dans les pays arabes et sans doute en Orient (Perse) bien avant Michael Stifel.

Le personnage mérite qu’on lui consacre quelques lignes. Ancien moine augustin, ayant adopté les thèses de Martin Luther (1517), M. Stifel (1486 – 19 avril 1567) fut pasteur dans divers villages de Saxe. C’était un excellent mathématicien et algébriste. On lui doit entre autres l’emploi des lettres de l’alphabet pour exprimer des quantités inconnues ; il inventa les signes + et – ; simplifia l’écriture du produit a x b en ab, etc…
Michael Stifel a signalé les propriétés de deux progressions, l’une arithmétique, l’autre géométrique, se correspondant terme à terme ; mais il n’eut pas l’idée de remplir de nombres tous les intervalles de la progression géométrique et de chercher leurs correspondants dans la progression arithmétique. Il aurait pu découvrir les logarithmes : c’est ce que fit Neper en 1614.

Eglise-Chateau de Wittenburg
Martin Luther, portrait par Georg Pencz

Il fut un précurseur en numérologie, et c’est là sans doute un aspect insolite de sa personnalité. Son alphabet numérique, utilisant pour caractériser les lettres de l’alphabet latin, la suite des nombres triangulaires, est encore en usage parmi les numérologues modernes. Ainsi, racontent ses biographes, Michel Stifel étant alors pasteur à Holtsdorf, près de Wittemberg ( c’est aux portes de l’église du château de Wittemberg, rappelons-le, que Martin Luther afficha , le 31 octobre 1517, ses 95 thèses rédigées en latin, qui marquent le début de la Réforme), ayant interprété certains versets des Écritures à l’aide de son alphabet numérique, prédit que la fin du monde était pour l’an 1532 ou au plus tard pour 1533 ! Rien ne se passa en 1532. Cependant Michael Stifel confirmant sa prédiction pour 1533, réunit au jour dit ses ouailles – dont certaines avaient quitté tout travail pour ne songer qu’à s’amuser et profiter des derniers temps qui leur restaient sur cette terre – et monta en chaire pour exhorter ses auditeurs à se tenir prêt, à se repentir, etc… !  » Un orage qui éclata fut regardé un temps comme le prélude au jugement dernier ; mais bientôt le tonnerre et les éclairs firent place à un ciel bleu et serein, et les paysans d’Holtsdorf, furieux d’avoir été trompés, s’emparèrent du faux prophète et le conduisirent à Wittemberg où il fut mis en prison ! Martin Luther intervint alors pour le faire relâcher « . Michael Stifel persista dans ses vaines prédictions d’année en année, jusqu’à sa mort (1567).