La chronologie et description des crues et inondations de l’Ill est scindée en différentes parties, en fonction des périodes historiques pendant laquelle ces catastrophes ont eu lieu.
▶ de l’Antiquité au Moyen-âge (∞ – 1492)
▶ les Temps Modernes (1492 – 1789)
▶ de la Révolution à la guerre de 1870 (1789 – 1870)
▶ de la guerre de 1870 à l’époque actuelle (1870 – ∞)
Strasbourg
On a pu constater lors de fouilles, qu’une période de fortes inondations sévit sur le site de Strasbourg-Argentorate dans les années 60 avant J.C., sous le règne de Néron. On a en effet observé qu’un bas-quartier, entre la rue Thomann et la Place St-Pierre-le-Jeune, habité au début du 1er siècle, avait été évacué par ses occupants à l’époque en cause, et qu’un marécage s’y était implanté ultérieurement : il semble que ce soit là la plus ancienne trace des inondations de l’Ill et du Rhin à Strasbourg.
Strasbourg
L’une des plus anciennes chroniques, celle d’Hermann-Le-Court, se rapportant aux contrées qu’arrose le Rhin, signale des inondations importantes en 509 et 607 : rien ne dit que l’Ill n’ait pas été intéressée par ces crues (2).
On sait que le Rhin fut en crue en 815, 820, 868, 886 et 1012 de façon remarquable : notamment en 1012, où des pluies diluviennes, des inondations exceptionnelles ravagent le territoire alsacien ; on compte de nombreux disparus. En 1198 il y eut de grandes inondations en Alsace, et particulièrement à Strasbourg : l’Ill est peut-être à l’origine de cette crue.
Colmar
L’Ill est citée pour la première fois, semble-t-il, dans les « Annales des Dominicains de Colmar » à propos de la crue de 1270 : « L’Ill fut grande pendant la moisson aux environs de Heckheim ( sans doute Ober-Hergheim ou Nieder-Hergheim, canton d’Ensisheim ), ce qui dans l’opinion des paysans présage une stérilité » (3).
En 1274 : « Le 6 des calendes de juillet ( 26 juin ), grande pluie. Le Rhin s’éleva à un niveau qu’on n’avait jamais vu. La pluie ne cessa qu’à la St-Jacques ( 25 juillet) ». Nul doute que l’Ill était partie prenante.
Colmar
On note dans les mêmes « Annales des Dominicains de Colmar », qu’en 1277, « on vint en bateau par les champs depuis Ostheim jusqu’à Colmar » : ces inondations intéressent donc l’Ill et la Fecht. Puis en 1289 vers l’Epiphanie ( Fête des Rois-Mages – 6 janvier ), l’Ill inonda encore ledit village de « Heckheim » et d’autres villages voisins de ce dernier.
On note trois inondations successives pour la même année 1374, ce qui « fit monter les denrées à des prix tellement élevés, que les pauvres gens manquaient de nourriture. La misère fut grande en ville comme dans les campagnes » ( Koenigshoven ).
Strasbourg
La crue du Rhin de 1378, et en conséquence celle de l’Ill, causa de telles inondations, que dans de nombreux quartiers de Strasbourg on fut contraint de se servir de barques pour circuler, et deux palées du Pont du Rhin furent emportées.
Rhinau
C’est en 1398 que St-Pierre-le-Vieux accueillit les moines du couvent de Rhinau, bâti un siècle auparavant, en 1292, englouti par les eaux du Rhin ; cette communauté de bénédictins avait déjà été chassée du couvent de Honau, situé sur une île du Rhin au droit de la Wantzenau, emporté par une crue du fleuve en 1290.
Alsace
En 1415 : pendant toute cette année les prairies de la presque totalité de l’Alsace furent inondées, ce qui causa une disette de foin, dont le prix devint excessivement élevé (4)
Strasbourg
En 1425, une inondation causa d’immenses dommages dans la plus grande partie de l’Alsace. « Un cerf fut emmené par les eaux dans Strasbourg, où il fut pris vivant »(4)
Strasbourg
Daniel Specklin, dans son « Histoire de la Ville de Strasbourg », rapporte qu’en 1443, à la suite d’une inondation de la Plaine des Bouchers, on fut obligé d’aller chercher en barque les religieux du couvent de cet endroit ; la crue de l’Ill dix ans plus tard, emporta un moulin qui se trouvait à val de la Porte des Pêcheurs à Strasbourg.
Mulhouse, Ensisheim
En 1470, à la St-Louis ( 25 août ), l’Ill s’accrut tellement par suite de longues et abondantes pluies, qu’elle causa une inondation à Mulhouse, ainsi que dans les cam-pagnes environnantes. Du côté d’Ensisheim, les dommages furent considérables ; on pouvait se rendre en barque dans la forêt de la Hardt ( 5 ). Zillisheim est également éprouvé par ces inondations, qui transforment la vallée entre Zillisheim et Hochstatt en un vrai lac.
Strasbourg
Dix ans plus tard, vers la St-Jean ( 24 juin 1480 ) , l’Ill et la Bruche furent en crue en même temps : à Strasbourg, les habitants des bas quartiers furent contraints de se réfugier dans leur grenier pour sauver leur vie. La Tour du Faubourg de Pierre fut ruinée par les eaux et s’écroula. Dans de nombreuses localités de la campagne on fut obligé de mener les troupeaux sur des lieux élevés ( 4 ). Ces inondations eurent une portée quasi générale en Europe, ou tout au moins dans les pays rhénans, où on les qualifia de « Rheinseintflut », le « Déluge du Rhin » : « L’hiver avait été rigoureux et les neiges s’étaient accumulées depuis le début janvier jusqu’à la fin avril. La fonte commença en juin par un temps chaud et pluvieux, et les eaux débordèrent en juillet. Les récoltes de la plaine furent perdues. Le courant entrait dans Strasbourg par les portes de l’Est et sortait par celles de l’Ouest, avec une telle violence, qu’on ne pouvait y naviguer en barque. Certaines parties des murs de la ville s’écroulèrent, des ponts, des moulins, des maisons furent emportés. L’inondation s’étendait autour de Strasbourg dans un rayon de trente kilomètres, et elle dura huit jours avec ses ravages. Mais ce ne fut qu’un mois plus tard que les eaux rentrèrent entièrement dans leur lit, laissant les champs couverts de cadavres d’hommes et d’animaux, de débris d’habitations et d’arbres déracinés. En Hte-Alsace, le Rhin s’était réuni à l’Ill, et l’on pouvait se rendre en barque de Rouffach et d’Eguisheim à Brisach » ( 6 ). Au cours des deux années qui suivirent, les pauvres gens furent contraints de manger du pain de son pour apaiser leur faim.
C’est au cours de cette même inondation mémorable que se produisirent les faits rapportés dans les « Chroniques de la Ville de Metz », publiées par J.F. Huguenin, à Metz en 1838 :
« Et d’ung villaige au-dessus de Strasbourg, l’eaue ame-na une maison et un bercellet où il y avoit ung jonne entfant couchié, et l’amena assez près de Strasbourg. Et ainsi qu’il pleust à la bonté divine, à icelle heure, avoit un pauxeur ( passeur ) en une neif sur le Rhin, lequel print le bercellet et entfant dedans et le mist en sa neif, et incontinent l’entfant s’éveilla et se mit à rire. Le pau-xeur ce voyant en fut joyeulx et l’emporta en son hostel.
« La justice de Strasbourg, de ce advertie, mandont in-continent quérir ledit pauxeur et volloient qu’il leur délivrast ledit entfant pour le faire nourrir, à cause qu’ilz disoient que c’estoit accreuste et dépendant du droit seigneurial.
« Et le pauxeur disoit que ce luy appartenoit et que, par la graice de Dieu, il l’avait garanti et saulvé, et que c’estoit un miracle et non point accreuste, et qu’il n’y avoit ni or ni argent ne nul autre bien prouffitable, si non peine et travail et coustange de nourrir ledit entfant : et que, puisqu’il avoit pleu à Dieu luy envoyer, qu’il le debvoit avoir et que si Dieu eust vollu qu’il eust parvenu à ung aultre, il ne luy eust envoyé. Et fut trouvé par les seigneurs du conseil de Strasbourg que ledit entfant avoit à demeureir audit pauxeur qui le fit très bien nourrir et l’aimoit comme s’il l’eust engendré »
Colmar, Turkheim
En 1510, le vendredi suivant la Fête-Dieu ( 31 mai ), il survint une violente tempête et une crue. Les eaux dévalèrent la vallée de Murbach, emportant la moitié du Bruederbruck. Colmar subit également d’importantes crues dans le Ried, où plus de quatre cents têtes de bétail se noient. Enfin un violent orage ravage la ville de Turckheim, ainsi que tout le ban de la commune, par suite des hautes eaux de la Fecht.
Mulhouse
En 1511, on signale des inondations continuelles dues aux débordements de l’Ill ( 7 ). A Mulhouse « Le dimanche avant Marie-Madeleine, la rivière Ill fut tellement accrue qu’elle déborda tout à fait et couvrit les routes de ses eaux » ( 8 )
Strasbourg, Colmar
Michel Kleinlawel signale des inondations en Alsace en 1524, 1526, 1529. La crue de 1524 détermina la construction de l’ouvrage de protection de l’agglomération strasbourgeoise dit Fossé Riepberg ( « Hurengraben » ), flanqué d’une forte digue, qui sera utilisée en 1861 pour la ligne de chemin de fer Strasbourg/Kehl, et deviendra le « Bahndamm ».
En 1526, le 24 février, les eaux se mettent à grossir partout, inspirant à chacun une grande frayeur, car elles causent de grands dommages ; il pleut pendant tout le mois de mars, par contre le mois d’avril est très sec et aride. Kleinlawel dit qu’en 1529, les pluies tombèrent sans interruption, ce qui fut cause d’une grande cherté, aucun des biens de la terre n’étant venu à maturité. « Les eaux ravagent les chemins et les routes, et emportent la terre, au point de creuser par endroits des trous de douze pieds de profondeur. Au Kaufhaus un énorme pan de mur miné par les eaux s’écroule. Les inondations causent d’énormes dégâts dans de nombreuses localités alsaciennes. A Mayenheim et Réguisheim plus de mille tête de bétail se noient, sans compter les porcs, les moutons, etc… A Colmar, on ne peut mener le bétail aux pâturages pendant quinze jours, car il y a de l’eau partout … » ( 14)
Strasbourg
Vers la Saint-Nicolas 1535 ( 6 déc. ), l’Alsace eut encore beaucoup à souffrir du débordement des eaux.
Plusieurs crues du Rhin et de l’Ill se succédèrent en 1556 ( la crue du Rhin enleva plusieurs palées du Pont du Rhin à Strasbourg), 1565, 1569 et 1570.
Alsace
En 1565, de mémoire d’homme, il n’y a pas eu d’hiver si rude. Tous les cours d’eau navigables, le Rhin, le Danube, le Neckar… et bien sûr les rivières d’Alsace, sont couverts d’une telle couche de glace, que pendant plus de huit semaines on peut les traverser avec des voitures chargées. Alors en février, il tombe une neige abondante, qui disparaît après une pluie, causant une telle inondation sur un sol gelé, que beaucoup de gens et d’animaux périrent, sans compter les champs dévastés : cette crue fait encore plus de dégâts que le gel et le froid.
Strasbourg
Lors de la dernière crue, en 1570, vers la St-Nicolas, toutes les routes de la plaine d’Alsace et une grande partie des rues de Strasbourg furent submergées : « Une grande quantité de lièvres, dit Michel Kleinlawel, s’étaient réfugiés sur les arbres ».
On cite souvent, d’après le chroniqueur Kleinlawel, le naufrage du 10 mai 1570 au Pont Ste-Madeleine, ou Nuwe Brücke, dans la traversée de Strasbourg. Au cours d’une crue, l’équipage s’étant peut-être enivré, un bateau de transport de marchandises descendant l’Ill, fonça sur une pile de ce pont en charpente. Sous le choc, le pont s’effondra et le bateau fit naufrage. Cet accident causa la mort de 21 personnes, noyées dans les hautes eaux de l’Ill, et toutes les marchandises furent perdues. Ainsi peut-on en déduire qu’un certain trafic de voyageurs se faisait alors par bateaux ; les passagers et les marchandises avaient-ils été embraqués au Kaufhaus, à destination du Rhin par le Johannisgiesen ?
Strasbourg
En 1574, il y eut à Strasbourg une inondation accompagnée d’un tremblement de terre qui fit s’écrouler une partie des fortifications, au Rauscher, et les fossés se trouvèrent comblés par les décombres.
Strasbourg
De fortes crues de l’Ill se manifestèrent en 1580 et 1584 en Alsace ; plusieurs quartiers de Strasbourg furent submergés, et on y circulait en barque.
Mulhouse
« Dans la nuit du 24 avril 1619, une trombe d’eau s’abattit sur le pays de Ferrette et la vallée de Hunds-bach. Il s’y déversa tant d’eau qu’à Hirsingue et dans les environs beaucoup de bétail et de gens furent brusquement noyés et emportés au loin ; les champs, les chemins et les routes subirent pour des milliers de florins de dommages, et une grande terreur s’empara de la population. Ces eaux firent brusquement irruption le matin à Mulhouse, par un temps ensoleillé et sec, et à tel point que dans l’intérieur comme autour de la ville, il y eut une effroyable inondation. On captura dans ces grandes eaux, devant la Porte Jeune, un lièvre au moyen d’un filet ; au-dessus d’Illfurth on trouva deux vaches encore attachées à leur mangeoire, qui étaient restées accrochées à un tronc de saule ( elles avaient péri ), après avoir parcouru plus d’un mille et demi » (9 )
Alsace
« Le 3 novembre 1627, à la suite de fortes pluies, les eaux ( de l’Ill et de la Doller ) montèrent si rapidement que de mémoire d’homme on n’avait jamais rien vu de semblable. Un messager de Durmenach ayant traversé la Doller ne put, par suite de la crue subite des eaux, parvenir plus loin que le mur des tireurs (devant la porte de Bâle à Mulhouse ) où il ne put plus ni reculer ni avancer, jusqu’à ce que, le malheureux ayant joint les mains en signe de détresse, fut tiré de là par plusieurs bourgeois, commandés par les autorités, non sans courir eux-mêmes de grands dangers » ( 9 )
Strasbourg
En 1649 et en 1651, le Rhin et l’Ill sortirent en même temps de leur lit, et dévastèrent une grande partie du territoire de l’Alsace ; Strasbourg éprouva de grands dommages ( 10 ). La crue du 5 mars emporta tous les ponts en Haute-Alsace. A Thann une personne est noyée. L’abondance des pluies est telle, qu’on ne récolte en cette année 1649 que le tiers des grains d’hiver, c’est-à-dire des grains plantés avant l’hiver, et la récolte est de deux tiers inférieure à celle de l’année précédente.
Colmar
L’hiver 1650/1651 est particulièrement pluvieux. Au mois de décembre à Colmar, les eaux de la Fecht atteignent un niveau tel que personne ne se souvient d’en avoir jamais vu autant ! Et les semis de blé sont endommagés, les récoltes de l’été 1650 sont désastreuses.
En janvier 1651, la ville de Colmar doit employer près d’une centaine d’hommes pour réparer les dommages
causés par les inondations au Muhlbach ( Canal du Logelbach )
Mulhouse
« Vers cette époque ( novembre 1651 à Mulhouse ), nous eûmes à subir un temps de pluie désolant, qui dura longtemps. Les grandes eaux causèrent partout, et notamment en Suisse, d’énormes dégâts à la plupart des ponts » ( 9 ).
Strasbourg
« Tout de suite après la Saint-Jean 1652, lorsque je me trouvais en compagnie d’autres bourgeois à la foire de Strasbourg, il y eut pendant plusieurs jours et nuits de très fortes pluies, qui firent subitement déborder les cours d’eau, notamment le Rhin, la Bruche et l’Ill. Pendant quelques jours, on ne put à Strasbourg, traverser la Plaine des Bouchers, ni à cheval, ni en voiture, mais seulement en barque. Les eaux arrivèrent tout proche de la Porte des Bouchers ( Porte d’Austerlitz ). Le Rhin était si élevé qu’on pouvait toucher ses eaux sur le pont, et les gens de Kehl furent en grand danger. Nous fûmes les premiers qui franchirent de nouveau la Plaine des Bouchers, mais nous courûmes encore de grands dangers, notamment entre Grafenstaden et Saint-Ludan. Lorsque nous arrivâmes vers Colmar, les eaux s’étaient déjà écoulées de nos côtés » ( 9 )
Mulhouse
« A la même époque ( décembre 1655 à Mulhouse ) il y eut de fortes pluies qui produisirent de terribles inondations » ( 9 )
« Vers la fin de novembre 1660, commença un temps des plus misérables, du vent et de fortes pluies suivies d’inondations, qui dura jusqu’à la fin de l’année. Notamment dans la nuit du 9 novembre et les quelques nuits qui suivirent, il y eut d’effroyables tempêtes qui, non seulement dans notre pays, mais en Hollande, en Zélande, en Espagne et en beaucoup de provinces maritimes, causèrent des dommages de toute nature pour des centaines de milliers de florins, ainsi qu’en font foi les relations publiques » ( 9 )
Mulhouse
« Le premier mars 1662, on prit dans la Doller, à Reiningen, un grand et beau saumon d’un poids de 23 livres, qui fut vendu à Mulhouse, et dont je mangeai ma part, moi Jean-Henri Engelmann » ( 9 )
« Le 11 novembre 1662 ( à Mulhouse ), au soir, et pendant deux jours et deux nuits, il y eut de terribles vents et de fortes pluies, notamment le 13, provoquant subitement de terribles inondations, comme on n’en avait vu de mémoire d’homme, causant partout d’énormes dégâts » ( 9 )
Mulhouse
1663 à Mulhouse : « Pendant cette année et notamment durant cet été, il fit un temps misérable et nuisible à la végétation. A partir du 10 mai, il plut peu ou prou ; nuit et jour, durant les mois de mai, juin et août, la température fut froide et désagréable de diverses manières. Bref, pendant tout ce temps, il n’y eut pas six jours sans pluie. Le 7 août, dans la nuit, et le lendemain matin de bonne heure, il tomba une effroyable averse, à la suite de laquelle survint, vers le soir, une inondation subite, qui occasionna de grands dommages, en entraînant au loin quantités de chanvre, d’avoine et de regain. Ce mois prit surtout une triste fin, quant à la température pluvieuse et froide. Le 30, il plut toute la journée et toute la nuit, et la neige tomba sur les Vosges et la Forêt Noire » ( 9 )
Alsace
En 1673, on signale beaucoup de pluie, avec des cours d’eau en crue, … mais très peu de vin en fin d’année ! Situation analogue en 1699 : les cours d’eau, et surtout le Rhin, débordent de façon considérable, causant des dommages importants.
Ensisheim
Les années 1688 et 1689 furent extrêmement pluvieuses. Les eaux de l’Ill « montèrent jusqu’à quarante fois, et inondèrent le pays plat à vingt trois reprises » dans la région d’Ensisheim, rapporte F.-J. Merklen.
Thann
En 1708, début janvier éclate à Thann et jusqu’au-delà de Strasbourg, « un effroyable et terrible orage, qui mêle éclairs, grêle et pluie, et qui dure si longtemps que chacun croit que c’est la fin du monde ». A Mulhouse, une inondation désastreuse se produit après la fonte des neiges. Les averses sont presque continuelles de juin à juillet. Début décembre, il commence à tomber de la pluie mélangée à la neige, et- cela continue jusqu’à nouvel an, occasionnant des hautes eaux dans les rivières.
Mulhouse, Ensisheim, Strasbourg
La crue de l’Ill de 1711 fut également excessive. « Jusqu’au mois de février, dit Mathieu Mieg ( Mulhouse ), il y avait eu la plus belle saison, lorsque tout à coup, l’hiver se manifesta dans toute sa force ; une neige profonde couvrit les campagnes ; un dégel affreux arriva ensuite et fit tellement monter les eaux que personne ne se rappelait les avoir vues si hautes ; le pont le plus élevé fut dépassé d’un pied, et toute la contrée était transformée en un lac énorme. Après le retrait des eaux, la plupart des routes se trouvèrent enlevées ou fortement détériorées. Cette inondation se fit sentir sur une grande étendue »
Du côté d’Ensisheim, les eaux débordèrent dans des conditions identiques. « Il tomba une quantité considérable de neige, dit F.-J. Merklen ; elle fondit subitement et causa une si grande inondation que toute la plaine ressemblait à un vaste lac ».
A Strasbourg l’eau de tous les puits fut polluée ; l’au-torité municipale dut prescrire des mesures pour leur assainissement.
Vieux-Thann, Cernay, Mulhouse
En février 1711, il tombe énormément de neige, et lorsqu’un vent chaud se lève, qui fait fondre cette neige, des masses d’eau s’accumulent, confortées par une pluie incessante, noyant ainsi Vieux-Thann, Cernay et Mulhouse dans 30 à 75 cm d’eau. On déplore d’im-portants dégâts dans toute l’Alsace.
Cernay
En 1721, dans la nuit du 15 juin, éclatent de terribles coups de tonnerre, suivis d’une forte pluie, et de la grêle. Vers le début de juillet, la Largue a tellement grossi qu’elle fait d’importants dégâts dans plusieurs localités. En certains villages, l’eau est à hauteur d’homme. Dès le 29 novembre, il commence à pleuvoir et cette pluie, accompagnée d’un fort vent, dure presque deux semaines. Les cours d’eau montent tellement que l’on n’entend partout parler que de dommages et de pertes. Les eaux de l’Ill emportent une partie du nouveau pont de Niederentzen, à Cernay c’est la Thur qui emporte un pan de la nouvelle église. La peur est si grande que la nuit on sonne le tocsin pour appeler la population à la corvée, et à mettre en place d’urgence, des troncs d’arbre pour contenir les eaux.
Mulhouse
En 1729, deux inondations successives sont notées par Mathieu Mieg à Mulhouse : « A la fin du mois de janvier, on ne pouvait mener des voitures que lourdement chargées, car celles qui ne l’étaient pas étaient entraînées par les torrents qui passaient sur les routes. En février, il tomba une immense quantité de neige qui fondit par suite des pluies survenues fin du mois. Les ruisseaux et les rivières débordèrent et emportèrent un grand nombre de ponts ».
Mulhouse
En 1734, il se produit à Mulhouse et environs l’une des plus grandes inondations du XVIIIème siècle. Le 28 février, une terrible tempête se déchaîne à Turckheim, avec débordement de la Fecht.
Strasbourg, Lac du Ballon
Un témoin oculaire, le maître-charron Jenner de la Krutenau, nous a laissé un récit de la crue désastreuse de 1740, générale sur toutes les rivières d’Alsace, et l’une des plus fortes du Rhin, en ce qui concerne Strasbourg : «Après une année de pluies presque continues, qui empêchèrent les fruits de mûrir, toutes les rivières débordèrent le 4 décembre et les eaux continuèrent à monter jusqu’au 22 décembre. Toutes les vallées entre la Forêt Noire et les Vosges ne formèrent qu’un grand lac. La plupart des moulins, tant à la campagne que dans la ville de Strasbourg furent détruits ou gravement endommagés. Des ponts furent entraînés ; à Strasbourg on les chargea de bombes, de boulets et de pierres, et ce ne fut que par ce moyen qu’on les maintint. Une grande partie de la ville se trouva sous les eaux, et dans les bas quartiers l’eau s’élevait à hauteur d’homme. La ville organisa à ses frais un service de bateaux, et l’inhumation des morts ne put se faire qu’au cimetière de St-Gall, le seul hors d’eau. La garnison dont les casernes étaient inondées, fut logée dans la salle des Tribus des métiers. Une grande maison près du Couvent St-André s’écroula. En dehors de la ville les habitants montèrent sur le toit de leurs maisons ; on tira le canon des remparts pour les prévenir que l’on prenait des mesures pour leur venir en aide, ce qui s’opéra par les soins de l’Ammeister de la Ville qui leur envoya des bateaux. La famine et les maladies furent la suite de ce fléau » ( 11 )
On payait la livre de pain 9 sols ; et le Viertel de farine 20 Gulden : on payait normalement à cette époque 2 sols la livre de pain blanc à Strasbourg. Le Gulden ou Florin valait 10 sols ou ½ livre-denier.
Au commencement de l’année 1741, on dit des prières d’action de grâce dans toutes les églises à l’occasion du retrait des eaux.
1740 : Une inondation accidentelle : la rupture de la digue du Lac du Ballon. Le niveau du lac semi-naturel du Ballon fut relevé de 15,00 mètres par le Maréchal de Vauban, pour servir de réservoir d’alimentation du Canal de la Forteresse de Neuf Brisach, dit « Canal de Rouffach » : d’où le nom de « Lac Vauban » quelque fois utilisé pour ce plan d’eau. Après l’achèvement des fortifications de Neuf-Brisach, l’entretien de la digue en terre et fascines fut négligé. Dans la nuit du 21 décembre 1740, cette digue se rompit et une formidable avalanche liquide se précipita dans la vallée, dévastant tout sur son passage. Guebviller fut épargnée grâce à ses fossés et ses murs d’enceinte qui alors subsistaient encore ; Issenheim fut en partie détruite. Les industriels de Guebwiller firent restaurer la digue du Lac du ballon en 1850. Les eaux de ce lac-réservoir, d’une capacité de 650.000 m3 utilisables, pour une superficie du plan d’eau normal de 7,5 ha, sortant par une galerie souterraine, servent à l’industrie et à l’irrigation de la vallée.
L’inondation provoquée par la rupture de la digue du Lac du Ballon en 1740, se renouvela en 1778 à peu près dans les mêmes conditions.
Andolsheim, Fortschwihr, Bischwihr, Riedwihr, Wickerschwihr, Holtzwihr
En 1750 les bans de Andolsheim, Fortschwihr, Bischwihr, Riedwihr, Wickerschwihr, Holtzwihr, furent ravagés, et l’Ill menaça même de changer de lit à Sundhoffen.
Colmar
En mars 1751, les hautes eaux de la Thur ravagent la plus grande partie du ban de Thann, et emportent le Pont. Dans le région de Mulhouse, le pont de Bourtzwiller est sérieusement endommagé par les eaux de la Doller en crue.
Le 4 novembre 1751, il est tombé une neige épaisse ; elle a occasionné une crue si forte, près de Horbourg ( non loin de Colmar ), que le pont de la Croix a été en-levé ; il existait depuis 205 ans. L’inondation a en outre causé de grands dommages à la campagne. (D’après la
Chronique du serrurier Dominique Schmutz de Colmar – 1714-1800 – Mulhouse 1874, p. 13 )
Andolsheim, Sundhoffen
En 1752, à la suite d’une crue, il se produisit entre Andolsheim et Sundhoffen, une brèche de 91 toises, dans la digue principale, par suite de la violence des eaux.
En 1755 après un grand froid qui régna pendant tout le mois de janvier en Alsace, il tomba de la neige le 9 février ; les deux jours suivants des torrents de pluie amenèrent le dégel. Tous les cours d’eau débordèrent. « Les glaçons menaçaient de tout rompre et emporter ; un grand pont fut emporté à Mulhouse », dit Mathieu Mieg.
Mulhouse, Illzach
En mars 1756, de nombreuses crues inondent la Haute Alsace. L’année suivante, au mois de février, à la suite de la fonte des neiges, la plus grande partie de la ville de Mulhouse ainsi que la région d’Illzach, sont envahies par les eaux.
Horbourg
En 1760 l’Ill inonda Horbourg à plusieurs reprises ; quantité d’habitants durent se réfugier dans le haut de leur maison ; le 17 mars on ne communiquait avec Colmar qu’en barques.
Bartenheim
1761 : D’après le curé Schneider de Bartenheim, sur le Muhlgraben, c’est l’inondation du 28 juin qui est la plus remarquable et la plus dévastatrice du Sundgau.
Strasbourg
Les secours aux noyés (1772 ) – Nombre de personnes se sont noyées accidentellement dans les cours d’eau strasbourgeois, l’Ill, le Ulmergraben, la Fossé des Tanneurs et d’autres, dont les abords étaient autrefois souvent mal entretenus, et pouvaient faciliter une glissade involontaire et fatale, par mauvais temps ou dans l’obscurité, surtout en période de hautes eaux de l’Ill en particulier, dans des eaux bien plus polluées que de nos jours. Cet état de choses préoccupait le Magistrat, toujours soucieux d’assister la population quand il le fallait.
On connait de curieuses « Instructions concernant les personnes noyées, qui paraissent mortes, et qui ne l’étant pas, peuvent recevoir des secours pour être rappelées la vie », établies par la Chambre de MM. les XXI, le samedi 18 Juillet 1772.
Le Magistrat avait fait placer en ville un certain nombre de boîtes de secours aux noyés, dans les cabarets et les Corps de garde Ces boîtes, inventées par un dénommé Pia, renfermaient « du Linge pour sécher, de la Flanelle pour frotter, une Canule pour souffler de l’air dans la bouche, et une Machine fumigatoire pour introduire de la fumée de Tabac dans le fondement, avec du Camphre, de l’Eau de Vie et autres médicaments nécessaires »
Les vertus thérapeutiques du tabac pour ramener les noyés à la vie étaient alors considérées comme souveraines. Voici comment il fallait procéder :
« On lui introduira ( au noyé ) de la Fumée de tabac dans le Fondement par le moyen de la Machine fumigatoire, laquelle si elle n’est pas à portée ainsi que la Canule, on pourra suppléer pour le moment à celle-ci pour introduire l’air par la Bouche et les Poumons, en se servant d’une Gaine de couteau tronquée par le petit bout, & à la Machine fumigatoire en se servant de deux Pipes, dont le Tuyau de l’une sera introduit avec précaution dans le Fondement de la Personne retirée de l’Eau, les deux fourneaux appuyés l’un contre l’autre, & quelqu’un soufflant la fumée du Tabac par le Tuyau de la seconde Pipe. On peut aussi employer avec succès les lavements de Tabac et de Savon »
Cela n’empêchait pas d’autres techniques :
« On lui chatouillera le dedans du Nez & la Gorge avec la barbe d’une petite Plume, on lui soufflera ensuite dans le Nez du Tabac & de la poudre de Sternutatoire & on lui présentera sous le Nez de l’Esprit volatil de Sel Armoniac. La saignée à la Jugulaire & au Bras sera aussi nécessaire, c’est pourquoi les assistants feront bien d’y appeler promptement le Médecin & le Chirurgien le plus prochain ».
La Ville donnait des gratifications aux personnes qui s’étaient occupé d’un noyé : 6 Livres à quiconque aura donné l’alerte, 24 Livres à ceux qui auront retiré de l’eau le noyé, 6 Livres à celui qui aura apporté la boîte de secours, et 12 Livres aux coopérants actifs. Cependant, si malgré tous les efforts des uns et des autres, le noyé ne pouvait être ramené à la vie, il n’était payé que la moitié de ces indemnités. Un arrêté du Maire de Strasbourg, L. Wangen de Geroldseck,en date du 31 mai 1808, « concernant les secours à donner aux noyés, et aux asphyxiés par les vapeurs de charbon, par celles des fosses d’aisance, ou par un grand froid », renouvelle ces instructions quelque 35 années plus tard. Il est accompagné d’un Rapport des professeurs Meunier et Noel, de l’Ecole Spéciale de Médecine de Strasbourg, suivi d’une « Instruction pratique ».
La médecine a fait des progrès. Les chatouillements du nez, la saignée, ainsi que les lavements aux feuilles de tabac sont toujours de rigueur. La technique du bouche à bouche est rejetée, au profit de l’utilisation d’une seringue, invention du professeur Meunier, laquelle permet de pratiquer la respiration artificielle. On ne parle plus d’insufflation de fumée de tabac dans le fondement à l’aide de la « machine fumigatoire ».
Horbourg
En 1773, vers Noël, l’eau des rivières atteint une grande hauteur ; la Thur en particulier submerge les routes alentours.
« De 1773 à 1779 de grands travaux furent entrepris près de Horbourg, où l’Ill, la Thur et la Lauch rendaient la région marécageuse et difficilement pénétrable ; à cet endroit, le comte de Saint-Germain, le père du ministre, avait perdu la vie, au cours d’une inondation. Le confluent de l’Ill et de la Lauch fut déplacé d’une demi-lieue » ( Robert Werner )
Mulhouse
La crue de l’Ill qui se manifesta le 25 octobre 1778 fut désastreuse ; elle emporta des ponts, des maisons dans les environs de Mulhouse, et le pont de la Doller dans cette même ville fut endommagé. La Thur inonde la ville de Thann ; elle emporte les ponts de bois et détruit en partie le pont de pierre ; onze maisons sont emportées ; une partie de l’hôtel de ville est détruite.
Les dommages occasionnés par cette crue, qui a dépassé celles de 1553 et 1740, entraînèrent des dépenses importantes pour les Communes, qui reçurent cependant des secours sur les fonds provinciaux ( 12 ). On conserva longtemps le triste souvenir de cette crue mémorable sous le nom de « Déluge de la Saint-Crépin ». Les ravages des eaux en Lorraine furent également considérables. Sur le Pont St-Nicolas à Strasbourg figure le repère de cette crue de 1778 ( figure aussi le repère de celle de 1882 )
Mulhouse
1781 : « Les inondations fréquentes ne permettent même pas à la pratique d’avoir accès au moulin, et au prêtre, curé de la paroisse, …. d’administrer le viatique, ni d’enterrer les morts suivant l’usage de l’église » ( Le Curé de Sermersheim )
« Le 16 novembre 1781, au matin, les eaux crurent par suite de pluies continuelles, à tel point que jamais l’on ne vit semblable spectacle chez nous. La rivière devant la Porte jeune ( à Mulhouse ) ne put les contenir toutes, de sorte qu’elle déborda près du Galgengraben, inondant tout le petit champ attenant, et comme plus bas le Wolfenloch ne put contenir toutes les eaux qui s’y réunirent, il déborda à son tour, submergeant les champs des alentours. Les deux débordements formèrent un véritable lac, inondant tout le Nordfeld jusqu’à la Hardt. Toutefois, comme dans la matinée la pluie cessa, les eaux s’écoulèrent presque complètement jusqu’au soir. Mais elles causèrent néanmoins, dans ce court espace de temps, beaucoup de dommages ici et dans d’autres endroits » ( 9 ). La Thur déborde à Thann et menace le nouvel hôtel de ville ; le Long-pont est emporté ainsi qu’un pont en charpente récemment construit près des halles.
Colmar
En 1782, au mois de février, les eaux du Logelbach à Colmar ont considérablement grossi, puis elles ont gelé. Alors l’eau ne pouvant plus s’écouler à cause de la glace, envahit toutes les maisons dans la rue de l’Eglise et la rue des Tripes ; elle entre par les soupiraux des caves. Il faut évacuer les gens du premier étage par des échelles.
Horbourg
En 1784 la digue qui défendait Horbourg, fut détruite sur une longueur de 528 pieds ( 160 mètres ), et le village … risqua d’être emporté ( 13 )
« En 1785, vers la fin du mois de janvier, il tomba beaucoup de neige et sur la fin de février, il y eut une inondation considérable produite par la fonte de ces masses de neige qui couvraient la plaine et les montagnes »
( Mathieu Mieg )
Mulhouse
Durant la nuit du 25 au 26 janvier 1788, Mulhouse souffre à nouveau de fortes eaux. Les deux ponts de la Porte Haute et les rues extérieures de la ville sont très endommagés par la violence du courant ; devant la Porte de Bâle, la crue de la Sinne emporte la culée du pont, et la guérite de la sentinelle s’écroule. Le 23 Juin, la Largue déborde en pleine fenaison, et occasionne une furieuse inondation : une grande quantité de fourrage est perdue ou emportée par les eaux, ainsi que des terres ensemencées de chanvre.
Strasbourg
Les grands froids de l’hiver 1789 occasionnèrent la prise par les glaces des rivières ; au dégel il s’ensuivit des débâcles désastreuses. Dans la traversée de l’Ill à Strasbourg, on chargea les ponts, comme on l’avait fait en 1740, de masses de pierres ; grâce à cette mesure un seul pont fut emporté, mais tous les lavoirs flottants établis sur la rivière dans l’intérieur de la ville furent emportés et détruits.
Le 21 juin, la foudre tombe à Landser : sur son troupeau de 400 moutons, un berger ne peut en sauver que quatre, tous les autres sont tués, ainsi que par ailleurs une grande quantité d’oies.
Ces grands froids de l’hiver 1789 sévirent dans toute la France. On y voit l’une des causes de la Révolution.
Mulhouse
1790 – Un sauvetage original. Dans la nuit du 19 au 20 décembre 1790, une crue subite de l’Ill inonde Mulhouse et ses alentours, et isole en particulier le poste de garde de la Porte Haute hors les murs, surprenant deux gardiens de service. Deux volontaires partent en barque pour leur porter secours. Mais lors du retour, une forte bourrasque fait chavirer la barque. Les quatre occupants trouvent refuge dans les arbres qui se trouvent là. On envoie un radeau, qui sombre à son tour. C’est alors que l’artificier André Glück, à l’idée plutôt originale, de lancer une fusée, attachée à un filin, au dessus des arbres où se trouvent les quatre naufragés. Cette fusée est saisie par l’un des hommes perchés dans l’un des arbres. Le menu filin permet de dérouler tout d’abord une corde, puis ensuite un solide câble entre la berge et les arbres. On remet alors une barque à l’eau, et celle-ci, amarrée au câble par une chaîne qui coulisse sur le câble, comme un bac à traille, permet de ramener à terre les quatre malheureux naufragés.
Un tableau, dessiné par André Glück lui-même, représentant ce sauvetage original, est conservé au Musée historique de Mulhouse (illustration ci-contre )
Strasbourg
La crue de fin décembre 1801 – début janvier 1802 fut générale en Alsace et très importante.
Die Fluth hat Alles hoch bedeckt;
Die Strassen, Felder, Auen,
Den Busch, worin der Vogel heckt,
Und wo er möchte bauen.
Den unteren Zweig an jedem Baum,
Bespritzet schon der Wellen Schaum
Les flots ont tout recouvert,
Les rues, les champs, les prairies,
Le buisson où l’oiseau se cache,
Et voudrait construire son nid.
La branche basse de chaque arbre
Est déjà touchée par l’écume des vagues
C’est ainsi que la poète et chroniqueur strasbourgeois Jean Daniel Pack présente la crue du 10 nivôse An X (31 décembre 1801), une crue catastrophique. La digue du fossé des inondations à Strasbourg s’étant rompue, les eaux se précipitèrent par la Porte de l’Hôpital, submergeant les bas quartiers. Il s’agissait d’une crue simultanée du Rhin, de l’Ill et de la Bruche.
Une partie du pont de bateaux du Rhin fut emportée. A la Krutenau, au Finckwiller, au Pflanzbad et sur une grande partie des Faubourgs de Pierre et de Wissembourg, tout était submergé par les eaux, ainsi qu’au Neuhof. Les communications ne pouvaient se faire qu’en barque ; La Robertsau fut cependant protégée des eaux par les digues construites peu avant cette inondation. La crue du 10 nivôse An X, « causa des désastres immenses dans toute l’Alsace » dit M. Baumgarten.
Le 18 mars 1801 le Riedgraben déborde à Landser, qui subit une grave inondation, occasionnée par la fonte des neiges. En cours d’année, l’Ill traverse Biesheim pour rejoindre le Rhin !
Les témoignages de ces événements sont maintenant nombreux dans la Presse ; les sources de renseignements ne sont pas rares.
On peut ainsi lire dans le Moniteur du 27 nivôse de l’an X (14 janvier 1802) :
« Strasbourg – Depuis quelques temps des pluies presque continuelles ou des neiges qui fondaient de suite, avaient alternativement grossi l’Ill et la Bruche, qui se jettent dans le Rhin près de Strasbourg. Dans la nuit du 1° au 11 nivôse, les eaux du Rhin ont crû avec une telle violence que, prenant une direction contraire, elles remontèrent les fossés d’une partie des fortifications et se réunirent à la rivière au dessus de la ville. L’île du Rhin, la route de Kehl, celle de Colmar et de Bâle et plusieurs quartiers de la ville se trouvèrent inondés ; les eaux ne restèrent que de 2 pouces au dessous du niveau de 1740, la plus forte inondation du siècle dernier. Dans la nuit suivante, le Rhin augmenta encore de 4 pieds, de sorte que la plupart des cultivateurs qui demeurent hors des portes et les habitants de quelques rues de la ville, furent forcés d’évacuer, dans la nuit même, leurs habitations. Une partie du pont de bateaux établi sur le Rhin a été emportée. La crue des eaux, extraordinaire en cette saison, présente une circonstance peu commune, mais qui est toujours accompagnée de grands ravages : c’est le débordement simultané du Rhin et des rivières qui s’y jettent des deux côtés. La pluie et la neige tombées depuis huit jours n’ont pu produire un effet aussi prompt et aussi considérable : le Rhin n’augmente ordinairement qu’au mois de messidor ( juin/juillet ), à la fonte des neiges dans les Alpes ; le vent doux qui a régné ici pendant dix jours s’est sans doute étendu jusqu’en Suisse, et il aura avancé de six mois l’époque de cette fonte … Dès le 10 de ce mois, le maire d’Altkirch avait prévenu que son village allait être submergé, et en effet peu après, la communication fut interrompue. Des ordonnances ont été envoyées dans les villes de Rhinau, Krafft, La Wantzenau, Dahlunden, Mulhuse et Woerth, situées sur le Rhin, et que le mauvais état des digues peut exposer à de grands dangers. Des secours seront administrés à ceux qui ont été les victimes de ces événements. On va publier une instruction sur les moyens de prévenir l’insalubrité des habitations inondées. Il est impossible d’établir aucune communication avec Rhinau, petite ville située à 7 lieues de Strasbourg ; on la croit sinon engloutie, au moins entourée d’eau.
Dans la nuit du 11 au 12, l’eau s’est élevée à une hauteur prodigieuse, et son courant était si violent qu’elle a répandu l’alarme générale. Elle avait crû subitement de 4 pieds, et était plus haute qu’en 1778 et 1740. Tous les faubourgs étaient submergés. Les magasins de la douane furent vidés. Dans quelques maisons, le rez-de-chaussée était sous l’eau, et l’on entrait dans les chambres du premier étage par les fenêtres. A la Krutenau, au Finkwiller, au Pflanzbad, on ne pouvait pas même parvenir en bateau, et une grande partie du Faubourg de Pierre et de Wissembourg ressemblait à une mer. Hors les portes, le danger était encore plus grand, et les ponts des fortifications ayant été levés pendant toute la journée, on n’a pu avoir aucune nouvelle. Le 11, à 5 heures du soir, l’eau avait déjà baissé d’un pied … Au dessus de Strasbourg, l’inondation a été extraordinaire, à Illkirch et à Ostwald ; la communication n’est pas encore rétablie avec ce dernier village. Le Neuhof a beaucoup souffert »
Les inondations du Rhin, en cette année 1802, ont été très importantes, les digues du fleuve s’étant rompu à la suite d’un tremblement de terre, les eaux envahirent le Ried de Marckolsheim jusqu’au Nord de Strasbourg.
Strasbourg
En mars 1805 et en mars 1807, de grandes crues presque aussi violentes que celle de 1801, dévastèrent le pays. « Depuis quelques jours, dit dans le Moniteur du 7 mars 1807 le correspondant de Strasbourg, toutes les rivières de nos environs ont inondé le pays plat. Aujourd’hui la campagne fertile qui entoure notre ville, offre le coup d’œil d’un immense lac. L’Ill et la Bruche sont devenues de grandes rivières. L’inondation est presque aussi forte que pendant l’hiver 1801-1802. La force des eaux a détruit un bon nombre de petits ponts de communication et en même temps quelques ponts plus grands. Les quartiers inférieurs de notre ville sont aussi inondés ; on n’y peut communiquer d’une maison à l’autre qu’en bateau »
Magistrat du Rhin
Rappelons que c’est à ce moment que les décrets du 14 novembre 1807 et 27 octobre 1808 réglementant la protection contre les crues, et créant le « Magistrat du Rhin », introduisirent pour la première fois une organisation d’ensemble en la matière. Les populations riveraines étaient contraintes de participer physiquement aux travaux. Les ingénieurs des travaux du Rhin exécutent déjà à cette époque des ouvrages en vue de « corriger » le cours du fleuve, et de lui créer un lit unique, et prévoient les améliorations qui seront réalisés plus tard à grande échelle et de façon coordonnée dans le cadre de la convention franco-badoise du 5avril 1840.
Quant au « Magistrat du Rhin », il fonctionna de 1808 à 1814, en particulier sous la houlette de Jean François Merlet (1761-1830) , qui en fut le président de 1809 à 1812.
Mulhouse
« Le 19 janvier 1814, au milieu de nos plus grands embarras, car on s’attendait encore toujours à une retraite de l’ennemi, notre malheur s’aggrava encore de celui d’une inondation extraordinaire. A 3 heures du matin, les grandes eaux affluèrent avec une rapidité énorme ; en peu d’instants, pendant que chacun dormait, la ville (de Mulhouse ) fut remplie d’eau ; il arriva à quelques personnes demeurant dans les pièces du rez-de-chaussée, qu’elles ne se réveillent que lorsque l’eau montante envahit leur lit ! Jamais il n’y eut une pareille inondation, l’eau s’élança de quatre à cinq pouces par-dessus le mur en pierres de taille à la Porte Haute, toutes les rues furent envahies et l’eau s’éleva dans la rue des Boulangers jusqu’au haut du panneau inférieur mobile des portes ; dans la rue des Tanneurs, elle atteignit au ventre des chevaux, et l’on eut de la peine à passer. Beaucoup de caves et de magasins, dans lesquels jamais l’eau n’avait pénétré, furent remplis, et il en résultat des dommages importants. L’humidité persista ensuite dans les logements du bas, et occasionna beaucoup de maladies » ( 9 )
Strasbourg
En 1817 les inondations atteignent encore Strasbourg où « l’on va en bateau sur plusieurs quais de la ville. Le chantier du Génie, près de la Citadelle, est submergé et le passage par la Porte de l’Hôpital a été interrompu ».
Strasbourg
L’orage du 23 juin 1822. L’Ill à la Montagne Verte était autrefois très fréquentée par les strasbourgeois, amateurs de canotage et de promenades en barques. Des circuits en bateaux à passagers, dans lesquels une vingtaine de personnes pouvaient prendre place, avaient été organisés. Des auberges renommées accueillaient les promeneurs.
Le 23 juin 1822, c’était un dimanche, alors que de nombreuses petites nacelles et des barques, ainsi qu’un bateau à passagers, évoluaient sur le plan d’eau de l’Ill à la Montage Verte, un violent orage éclatait, «la plus épouvantable tempête qui fit jamais rage, de mémoire d’homme, dans les environs de Strasbourg ». Il pouvait être sept heures du soir. La tornade, et la pluie torrentielle qui l’accompagna, furent si subites, que la surprise fut totale parmi les promeneurs. Les petites barques se remplirent d’eau en un instant et chavirèrent. Le bateau à passagers fut emporté par la tempête, complètement désemparé. Ce fut la panique, aussi bien sur l’eau qu’à terre. Malgré le dévouement de certains hommes courageux, dont M. Baldner, l’aubergiste de la Montagne Verte qui sauva huit personnes de la noyade, il y eut six disparus, dont on retrouva les corps le lendemain ( 15 )
Strasbourg
En 1824 et en 1825, les crues simultanées de l’Ill et de la Bruche provoquèrent de fortes inondations à Strasbourg ; la crue d’octobre/novembre 1824 fut générale en Europe. A propos de cette crue : « Les pluies continuelles qui ont eu lieu à Strasbourg et ses environs aux mois d’octobre et de novembre, furent précédées d’un orage qui éclata le 26 octobre au soir. C’est l’explosion de cet orage qui a formé dans nos contrées comme un point de départ, d’où commença une série de jours de pluie presque ininterrompue depuis le 27 octobre jusqu’au 2 novembre. Cependant les inondations que nous éprouvâmes dans les derniers jours de novembre n’ont pas tant pour cause les quantités absolues d’eau qui sont tombées chez nous pendant ces jours de pluie, mais plutôt les grandes masses d’eau qui ont été amenées par les rivières de l’Ill, de la Bruche et du Rhin, grossies subitement par les pluies et les averses extraordinaires qui sont tombées en même temps dans nos montagnes et les contrées limitrophes. En outre, la terre, imprégnée déjà, et pour ainsi dire saturée, par la masse des pluies qui s’étaient précipitées pendant les mois de l’été, était devenue incapable d’en recevoir davantage, au point que l’eau versée par les orages et par les espèces de trombes d’eau qui se sont manifestées le long des Vosges, a été obligé de se rejeter dans les rivières et ruisseaux et d’augmenter leur débordement » ( 16 )
Voici ce qu’écrivait, à propos de cette crue, le Dr François Emmanuel Fodéré, qui occupa la Chaire de Médecine Légale de la Faculté de Médecine de Strasbourg de 1814 à 1835, revenant d’un voyage dans le Sud de la France : « Aux alentours de Benfeld ce n’était qu’un vaste lac … mais là où ce lac par son étendue ressemblait à une mer, c’était la plaine au milieu de laquelle est bâtie la ville de Strasbourg, qui se trouvait entièrement isolée de tous les villages. Les eaux de la rivière de l’Ill qui ne pouvaient plus s’écouler dans le Rhin, devenu monstrueux et dépassant ses digues, s’étaient répandues dans toute la campagne, et l’on ne pouvait circuler qu’en bateau le long des quais et dans les rues de la basse ville » ( 17 )
« Depuis hier la crue a cessé, lit-on dans un journal local du 3 novembre à propos de Strasbourg ; nos rues et nos quais qu’elle avait inondés ont en partie reparus. On attribue la baisse de l’eau à la rupture d’une digue devant la Porte Blanche. Par suite de cette circonstance une forte quantité d’eau se décharge dans les fossés des remparts et rejoint la rivière principale au-dessous de la ville. Vus des hauteurs de la cathédrale, les alentours de Strasbourg forment un vaste lac. Le dommage causé par les eaux sera immense ».
Service des travaux du Rhin
C’est en 1827 que fut organisé en Alsace le Service des Ponts et Chaussées, et que fut crée officiellement le « Service des travaux du Rhin »
Mulhouse
« Dans la nuit du 4 au 5 septembre 1831, notre ville ( il s’agit de Mulhouse ) fut surprise par une inondation, comme il n’y en avait eu jamais de pareille. A la suite de pluies persistantes, le pays fut rempli d’eau au point de ne pouvoir en contenir davantage, et l’Ill grossit d’une manière terrible. Pour comble de malheur, une digue près du Moulin du Miroir se rompit, de sorte que tout à coup la rivière du Traenkbach déborda, et les eaux pénétrèrent en ville par toutes les portes qui se trouvent dans l’ancien mur d’enceinte. En même temps l’eau s’est frayé un chemin par-dessus le fossé qui, à la Porte Jeune, sépare le Traenkbach du Mittelbach et sur lequel la terre venait d’être cultivée, faisant également déborder le Traenkbach ( le Mittelbach ? ), de sorte que de ce côté aussi l’eau pénétra en ville à travers les maisons. Le matin, de 3 heures à 5 heures, les eaux s’étaient amassées en ville en quantités telles que presque toutes les rues étaient inondées et cela, dans quelques unes, jusqu’à la hauteur de quatre pieds. Comme la plupart des gens étaient plongés dans le sommeil, on put sauver peu de choses, et le dommage causé fut incalculable. Vers 8 heures du matin seulement, les eaux s’écoulèrent… ( 9 )
Mulhouse
A propos de la crue de 1836, on peut lire dans l’Industriel Alsacien en date du 17 décembre : « Lundi dernier, le 12 décembre 1836, les habitants de la partie basse de notre ville ( Mulhouse ) ont craint un moment de voir se renouveler l’inondation de 1831. Le débordement de l’Ill ayant rempli tous nos canaux, nous avons vu en deux ou trois heures l’eau s’élever à une hauteur considérable et menacer d’envahir les maisons qui avoisinent ces canaux … Les campagnes environnantes sont submergées, et les communications ont été un instant interrompues sur le route de Mulhouse à Colmar ».
Mulhouse
« Le mardi 20 décembre 1841, les eaux de l’Ill, grossies par les pluies et la fonte des neiges abondantes tombée de la veille, ont débordé et inondé toute la plaine alentour ( de Mulhouse ). Aux environs de Dornach, les ateliers de construction mécanique de Jean-Jacques Meyer et Cie ont été complètement envahis. La crue n’ayant fait qu’augmenter pendant la nuit, les parties basses de la ville de Mulhouse se trouvèrent sérieusement menacées le mardi matin. Les trois bras de l’Ill qui étreignent l’ancienne ville sont confondus et les eaux ressemblent à un véritable torrent. Dans l’intérieur de la ville, la circulation est interrompue en plusieurs points et la majeure partie des caves sont remplies d’eau. Le 29 mai, à neuf heures du soir, survient une pluie si forte, que les anciens affirment n’en avoir jamais vu de pareille. Elle endommage fortement les vignes ; le même phénomène se reproduit deux fois au mois de juin. On dit des prières pour faire cesser la pluie. Le 17 juillet un ouragan déracine les arbres de la Vallée de Munster, à Turckheim en particulier. La toiture de la gare de Colmar, en construction, est enlevée » ( 14 )
Turckheim
En 1843, le 20 août, éclate un orage très violent à Turckheim, accompagné d’une pluie si forte, que les eaux de la Fecht transforment les rues en rivières. Cette pluie est encore plus forte que celle du29 mai 1841.
Wihr-au-Val
En 1844, du 25 au 27 février, la Fecht est devenue si haute, que les eaux causent de grands dégâts en de nombreux endroits. Le 27, elles entraînent le pont de Wihr-au-Val, ainsi qu’une partie des contreforts de la maison du tir de Turckheim. Les eaux submergent les jardins de Wintzenheim. Des maisons sont emportées par la Thur dans la vallée de Thann, les chemins arrachés et les champs bouleversés.
Le débit de l’Ill qui est en moyenne de 7 à 8 m3/s dans la traversée de Strasbourg, s’est élevé le 24 février 1844 à 275 m3/s à val de la ville.
La crue de février/mars 1844 affecte l’Ill, mais aussi tous ses affluents et sous affluents, Fecht, Weiss, Thur, Lauch, provoquant des dégâts importants. « A Horbourg, près de Colmar, dans la partie inférieure du village, l’eau entra par les croisées du rez-de-chaussée d’une manière si subite que tout le monde a été pris à l’improviste ». L’Ill a débordé depuis Ensisheim jusqu’à Sélestat.
Mulhouse
En 1848, le 18 septembre, une forte inondation rompt la digue du canal à Mulhouse : les eaux s’élèvent à la hauteur de un mètre au centre de la ville.
Canal de décharge de Mulhouse
Son nom complet « canal de décharge des eaux de l’Ill dans la Doller » permet d’en comprendre la fonction. Les crues de l’Ill provoquent de fréquentes et mémorables inondations, laissant de nombreux terrains inconstructibles. Le développement industriel et son afflux d’ouvriers à loger pousse, en 1846, la municipalité à décider du creusement du canal, donnant par là même du travail aux nombreux chômeurs d’alors. Terminé en 1849, il rend possible l’édification de la Cité. Plusieurs fois agrandi, sa couverture partielle permet la construction de la halle du marché en 1908.
Franken
En 1850, le 2 août, à Franken, le Thalbach déborde et une inondation saisonnière emporte une passerelle pour piétons ; les gens passent alors par le moulin pour aller à l’église.
Alsace
On sait que la crue de 1852 fut catastrophique, sur le Rhin et toutes les rivières d’Alsace et de Lorraine, à la suite des pluies diluviennes des 17 et 18 septembre.
A Altkirch les eaux dépassèrent le grand pont sur l’Ill à la sortie de la ville, sur la route de Mulhouse. Les villages d’Illfurth, de Walheim et Hirsingue furent totalement inondés et la p laine qui s’étend sur une vingtaine de kilomètres entre Dannemarie et Mulhouse présenta l’aspect d’un vaste lac. Dans la plaine du Rhin, aux eaux de l’Ill en crue, s’ajoutaient les eaux du fleuve dont les digues s’étaient rompues en plusieurs endroits. Le tocsin sonnait dans les villages pour appeler la population aux travaux de consolidation ou de réparation des endiguements.
« A la Robertsau, le Rhin s’était frayé un passage et les eaux d’infiltration avaient percé dans les champs sur une vaste étendue. A la Wantzenau les jardins étaient submergés et les maisons les plus rapprochées du fleuve avaient de l’eau dans le rez-de-chaussée »
Le village entier du Neuhof dans la banlieue Sud de Strasbourg fut submergé ; la Meinau avait 5 pieds d’eau et l’on dut évacuer précipitamment tout le bétail. 33 villages furent touchés le long du Rhin.
« Depuis la plateforme de la cathédrale, tout le pays apparaissait comme une grande étendue d’eau, au-dessus de laquelle quelques arbres se dressaient, et au milieu, Kehl semblait construit sur pilotis. L’île du Rhin était complètement submergée. Les poteaux télégraphiques signalaient seuls encore les routes sous les eaux, dont l’accès était interdit … Les eaux de l’Ill qui ne pouvaient plus s’écouler dans le Rhin, commencèrent à monter, et se précipitèrent dans les maisons ; le Bruck-hof et la Musau eurent à déplorer de grands dommages ; dans la ville même de nombreuses caves furent remplies par les eaux »
La partie basse de Mulhouse correspondant à l’ancienne ville fut entièrement envahie par les eaux ; là aussi des endiguements de l’Ill ont cédé sous la pression des eaux. Au total dans les deux départements du Rhin, quinze villages ont été submergés totalement, et dix-huit partiellement atteints. Les dommages aux propriétés foncières furent évalués à 1,8 million de frs ( 18 ). L’Etat ouvrit les crédits nécessaires à la réparation des ouvrages publics, et soulagea les victimes de l’inondation par des secours et des réductions d’impôts.
Strasbourg
En mars 1855, crue exceptionnelle de l’Ill, plus forte de celle de 1852, alors que la crue du Rhin fut insignifiante. « La fonte des neiges abondantes qui sont tombées dans le courant du mois de février a occasionné une crue considérable des eaux de l’Ill, qui en certains endroits, sont devenues en quelque sorte torrentielles. Dans certaines parties de Strasbourg, les quais étaient à fleur d’eau ; toutes les caves des maisons situées au bord de la rivière sont remplies d’eau, et un certain nombre de lavoirs sont submergés. En amont des écluses de Strasbourg …, toute cette partie des environs de la ville est inondée, principalement la Plaine des Bouchers, la route du Polygone, les parties basses situées hors de la Porte nationale. En aval des écluses de la ville, l’Ill a subi une hausse plus faible … Néanmoins le Wacken, la contre-allée de droite de la Robertsau, toutes les parties basses de cette annexe et une portion des Contades sont inondées » ( Moniteur en date du 6 mars 1855 )
Dans le département du Haut-Rhin … Zillisheim et Didenheim sont inondés par les eaux du canal de l’Ill qui ont débordé ; les caves de ces localités sont remplies d’eau.
La crue de l’Ill de l’année suivante ( 1856 ) est de moindre importance.
Alsace
La première crue de février 1860 prit des proportions désastreuses pour l’Ill dans le Haut-Rhin. « Une pluie de 48 heures, jointe au radoucissement de la température, a provoqué le lundi 27 février 1860 une fonte subite des neiges amoncelées en quantités considérables sur les hauteurs du Sundgau, et la partie du Jura suisse qui nous avoisine. L’Ill grossie outre mesure a bientôt débordé sur plusieurs points de son parcours. Aux environs d’Altkirch, entre autres, elle est devenue un torrent impétueux, enlevant digues et ponts, charriant des poutres et des débris de bâtisse, s’étendant dans la plaine entre Tagolsheim et Illfurth, et roulant par flots jaunis jusqu’à Mulhouse qu’elle submergeait en partie … A quatre heures, avis était donné aux établissements industriels et aux écoles, de la crue subite des eaux, et en effet, nos ruisseaux et le canal de déversement construit il y a quelques années ( 1846 ) pour préserver la ville des inondations, avaient atteint en quelques minutes la plus grande hauteur de leurs eaux. A cinq heures les Stadtbaechlein débordaient et la ville basse … était littéralement envahie. L’inondation s’est étendue jusqu’à la Rue du Sauvage, à la hauteur de la Place des Victoires. Le Nouveau Quartier a été préservé grâce aux mesures prises par l’Administration des Ponts et Chaussées qui a ordonné l’ouverture des écluses du Canal du Rhône au Rhin. En danger sérieux a existé durant quelques temps à la Porte-Haute, au point de jonction des deux Cités, traversées par le canal de déversement. Le pont de bois qui relie les Cités a été en partie enlevé par la violence du courant … » ( 19 )
Une seconde crue affecta l’Ill en particulier fin décembre 1860, et se prolongea jusqu’en 1861. A Strasbourg, mais aussi à Sélestat, Kogenheim, Huttenheim, Matzenheim, Osthouse, Benfled, Erstein, Ensisheim, Reguisheim, Sundhofen … on déplore des dommages importants dus aux hautes eaux exceptionnelles occasionnées par une fonte des neiges brutale, et des pluies torrentielles ( 18 ).
« La banlieue de Strasbourg a été particulièrement éprouvée par le débordement des eaux, et le Spitalfeld, hors la Porte de l’Hôpital, la plus grande partie de la plaine située en dehors de la Porte d’Austerlitz, les terrains bas qui entourent le bâtiment du lazaret, tous les prés qui s’étendent depuis la Porte Nationale jusque vers Ostwald, se trouvent presque entièrement inondés. A Strasbourg même les eaux sont très élevées et frisent en quelque sorte la berge des quais, en charriant de nombreux et forts glaçons. Les caves d’un grand nombre de maisons situées près de la rivière et même à une certaine distance des quais ont été envahies par les eaux »
Un triste fait-divers à Mulhouse, à propos de la crue de 1860 : « De la chaux vive déposée au rez-de-chaussée d’une maison habitée par un contremaître de l’une des usines qui ont le plus souffert au moment où l’eau faisait irruption, les Etablissements des Frères Koechlin, a été atteinte par les eaux, et n’a pas tardé à produire un commencement d’incendie. La femme du contremaître a tenté d’échapper à ce nouveau danger, mais à peine sortie de la maison, la malheureuse a été entraînée par la violence du courant, et n’a plus reparu. Son mari a voulu vainement se porter à son secours : entraîné également à plus de 40 mètres, il n’a dû son salut qu’à une palissade à demi renversée à laquelle il a pu se raccrocher ». Le corps de cette femme a été retrouvé le lendemain dans les prés ( L’Illustration, mars 1860, pp. 162 et 173 )
Landser
En 1861, le 26 juin, Landser essuie un orage épouvantable ; la foudre entre par la flèche du clocher et tombe dans l’église même ; le village est envahi par les eaux ; le surlendemain, à la suite d’un second orage, il y a une seconde inondation plus forte que la précédente ; la hauteur des eaux dépasse un mètre, et plusieurs maisons sont grandement endommagées.
Canal des hautes eaux de Mulhouse
En 1864 on élargit et recalibre le Canal des hautes eaux de l’Ill à Mulhouse, destiné à préserver la ville des inondations de la rivière.
Strasbourg
Le canal des hautes eaux de l’Ill. A partir de 1891, les inondations de l’Ill à Strasbourg ont été en grande partie maîtrisées à la suite de la réalisation d’un dispositif de canaux croisés au niveau d’Erstein/Plobsheim. Le « Canal de décharge » des hautes eaux de l’Ill permet de dévier la majeure partie du débit de crue de la rivière vers le Rhin : ce canal a été dimensionné pour permettre le transit d’un débit de 1.000 m3/s vers le Bassin de compensation de Plobsheim, un débit jamais atteint par l’Ill dans ses plus fortes crues. Tandis que le « Canal d’alimentation » de l’Ill permet de soutenir les étiages de la rivière à l’aide de prélèvements dans le Rhin. Cette régulation des débits de l’Ill assure une certaine protection de la ville de Strasbourg contre les inondations. Restent la Bruche, l’Ehn, l’Andlau, bien sûr, dont les crues sont parfois importantes et imprévisibles ( 20 ).
Bourtzwiller
1895 : « L’ouragan qui sévit depuis trois jours a atteint son paroxysme ; à Bourtzwiller, le pont en pierre a été enlevé par les eaux de la Doller transformée en un violent torrent » ( L’Express du 7 décembre ).
Mulhouse
En 1896, « L’Ill après son débordement, envahissait toute la plaine de Didenheim à Brunnstatt et les abords de la ville ( Mulhouse ). Les Bains de l’Ill ont été emportés en partie par le courant ; toutefois la circulation sur la ligne de chemin de fer n’a pas été interrompue »
( L’Express du 24 octobre 1896 )
Mulhouse
On sait que la crue de 1910 a été générale en France, en particulier sur la Seine à Paris.
A Mulhouse à la suite d’une forte tempête le 19 janvier 1910, les pluies ont gonflé les cours d’eau, et engendré une crue très importante de l’Ill. L’inondation s’est ac-centuée le lendemain, affectant l’Ill, la Doller, la Lauch, la Fecht, la Thur. L’inondation prit fin le 24 janvier, pour peu de temps, car une nouvelle crue sévit dès le 9 février ! « Tous les prés sur les bords de l’Ill et de la Doller sont inondés, dans le secteur de Muhouse ».
La crue de 1910 fur retenue par les digues des hautes eaux, et ne causa aucun dommage aux habitations riveraines du Rhin.
La lutte contre les inondations sur le Rhin à courant libre fut organisée par la loi du 2 juillet 1891, toujours en vigueur, intéressant « l’utilisation des eaux et la protection contre les eaux, et ses règlements d’appli-cation. Notons que ces dispositions n’intéressent plus Strasbourg, depuis la réalisation des Chutes de Gambsheim ( 1974 ) et Iffezheim ( 1978 ) ( 21 )
Alsace
La première guerre mondiale n’a pas été épargnée par les crues. En juillet 1917, l’Ill a quitté son lit en amont de Mulhouse, à la suite de pluies diluviennes ; le Canal de décharge de l’Ill à Mulhouse a joué pleinement son rôle ; rappelons que cette décharge s’effectue dans la Doller.
Une inondation renouvelée en octobre 1917 ainsi qu’en décembre 1919 : l’Ill et la plupart de ses affluents descendant des Vosges causent une crue dépassant celle de 1910. C’est particulièrement la Bruche qui a causé la crue subite de 1919 à Strasbourg, les eaux inondant presque toutes les caves, détériorant les stocks de vin et de marchandises qui s’y trouvaient. La circulation des trains dans presque toutes les vallées des Vosges a été interrompue. La plaine d’Alsace entre Colmar et Strasbourg n’est plus qu’un grand lac dont les eaux se confondent à l’Est avec celles du Rhin.
Strasbourg
le 24 decembre 1919, les paroissiens entrèrent à l’église St Arbogast (Montagne Verte) en barques pour assister à la messe de minuit
Mulhouse
Les pluies et la fonte des neiges sont à l’origine de la crue du mois d’avril 1922 : « Les prés de l’Ill entre Didenheim et Brunstatt sont inondés ». Les jardins des maisons ouvrières près du pont du chemin de fer de la Fonderie, à Mulhouse, sont sous eau ; le canal de décharge roule des flots jaunes et impétueux.
Masevaux
La crue de novembre 1924 a surtout affecté la Doller, à la suite de fortes pluies qui se sont abattues sur la région, dans la vallée de Masevaux ; des ponts ont été emportés. L’Ill de son côté a inondé la campagne entre Illzach et Modenheim/Sausheim ( 22 )
Alsace
Une inondation renouvelée en juin 1926, puis en janvier 1932, en décembre 1935, en janvier 1936, en février 1937, en juin 1938, en avril 1939. La crue de 1936 en particulier, à la suite de pluies persistantes et la rapide fonte des neiges, affecte toutes les rivières : l’Ill déborde, inondant champs et prés, la Doller ne vaut guère mieux, la Thur sort de son lit ainsi que la Fecht, et la Liepvre cause des ravages dans la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines. En 1937, le 24 février, les pluies abondantes des derniers jours provoquent une crue assez rapide des deux cours d’eau qui traversent et côtoient la ville de Mulhouse. En 1938, le 13 juin, en pleine fenaison, à dix-huit heures, le chemin vicinal de Franken est inondé et envahi par les eaux du Thalbach
qui charrient les tas de foin ; Mulhouse subit la même situation qu’en 1937. Et en 1939, le 8 avril, la ville de Mulhouse est à nouveau inondée.
Alsace
L’inondation de décembre 1947, catastrophique, a été provoquée par la fonte des neiges dans les Vosges ; c’est ainsi que la Doller a été transformée en torrent, roulant des flots limoneux, entraînant une crue et des inondations de l’Ill. A Dornach, le quartier de la Mer Rouge est évacué. Sausheim émerge comme une île au milieu d’un vaste lac !
Nouvelles inondations en mars 1947, où la pluie est associée à la neige fondante. Le Thalbach à Franken sort de son lit, ainsi que la Fecht dans la vallée de Munster, qui est totalement coupée du réseau électrique, car les eaux descendent en trombe de la montagne, enlevant et renversant les pylônes. La vallée de Sewen est inondée par la Doller : Niederbruck émerge comme une île. A Ostheim, la moitié du village est sous un mètre d’eau. Et une abondante chute de neige succède à la fonte passée : on mesure une épaisseur de deux mètres par endroits !
En novembre 1950, Didenheim, fortement inondé, manquait d’eau potable. La situation était critique à Brunstatt, Illzach, Sausheim ; ce dernier village était coupé en deux par un large fleuve ! L’Alsace du 25 novembre rapporte : « L’inondation a atteint son point culminant. Sausheim a vécu un cauchemar. Manque d’eau, mais d’eau potable à Didenheim. L’Ill à sa cote record de 1917 ». Et dans l’édition du 28 novembre : « Après trois semaines de pluies, le Rhin monte constamment. Nouvelles crues de l’Ill et de la Doller ; on note au moins 50 cm de neige au Ballon d’Alsace »
Mulhouse
En janvier 1955, les inondations recommencent. Les rivières en crues causent d’importants dégâts dans toute la région mulhousienne. L’Ill, dont les eaux ont fortement gonflées, inonde les prés entre Zillisheim et Hochstatt, et submerge la route qui relie les deux communes, interdisant toute circulation, sauf en bar-que dans de nombreux quartiers de Colmar, mais aussi à Rouffach et dans la région de Guebwiller. On note un débit de l’Ill au pont de Gerstheim de 620m3/s (23 ), alors que le « module » à Strasbourg est de l’ordre de 60m3/s. La Thur sort également de son lit.
Travaux de régularisation de l’Ill et de la Doller
A la suite de travaux de régularisation de l’Ill et de la Doller dans la région de Mulhouse, réalisés à partir de 1956, la situation en ce qui concerne les inondations a été grandement améliorée, celle des crues elles-mêmes ne pouvant être influencée.
Colmar
Les inondations du 10 février 1970 sont importantes : entre Colmar et Erstein, une bande de 30 km de long sur 2 à 5 km de large, est sous eau. L’Alsace du 11 février affiche : « Le Ried est sous l’eau, 2,80 m entre Guémar et Illhaeusern. Dans l’arrondissement de Gueb-willer : routes submergées, caves sous eau »
Alsace
En 1983, les inondations exceptionnelles d’avril et de mai restent tristement célèbres ; les dommages sont considérables dans tous les domaines. On estime à plus de douze millions de francs ces dommages occasionnés à la seule voirie du Haut-Rhin. La majeure partie de la Région Alsace est déclarée sinistrée. Des ruptures des digues de l’Ill et de la Bruche sont à l’origine d’inonda-tions des villages de Logelheim, Ernolsheim, Hangenbieten … en avril/mai 1983. La Thur déborde également : on estime la « période de retour » d’une telle crue à 25 ans.
Strasbourg
La crue de février 1990. A Strasbourg, le débit de l’Ill étant maîtrisé à Erstein, c’est la Bruche qui gonfle les eaux dans la traversée de la ville. La crue touche les communes riveraines : Eckbolsheim, Wolfisheim, Lingolsheim. A la suite d’une rupture de digue, Holzheim fut la localité la plus sinistrée.
A Strasbourg, pour évacuer la crue, tous les barrages ont été ouverts. Du côté du Wacken, les jardins sont engloutis ( DNA du 16-2-1990 )
Grossie par ses affluents, la crue de l’Ill a particulièrement touché Colmar, où 150 habitations et 400 personnes sont sinistrées, dans le quartier de la Luss et celui du Ladhof, où le canal de la Lauch a débordé. Un homme est mort noyé dans sa cave à Houssen. La décrue s’est amorcée dès le 18 février. Les dommages causés par cette crue sont particulièrement lourds.
( DNA des 17, 18 et 19 février 1990 )
Altkirch
Les inondations du 20 mai 1994. A la suite de pluies diluviennes, l’Ill et la Largue sont sorti de leur lit dans le Sundgau ; la situation fut surtout préoccupante à Altkirch, où l’Ill dépassait la cote de 3,00m. Une partie du débit de l’Ill a été dévié vers le Canal du Rhône au Rhin à Illfurth. De sorte qu’au niveau d’Erstein, le débit résiduel était de 80 m3/s : 60 m3/s ont été déviés par le Canal de décharge de l’Ill ; ainsi à Strasbourg les 20 m3/s restant n’avaient pas de quoi inquiéter.
A noter que le débit du Rhin a Rheinfelden a atteint une pointe de 4.500 m3/s le 20 mai 1994 ( L’Alsace, des 20/21 mai 1994 )
ouragan Lothar
L’ouragan « Lothar » du 26 décembre 1999, n’a pas épargné l’Alsace, mais il n’y eut à déplorer aucune inondation.
Alsace
En juillet 2004, à la suite d’un violent orage dans le Sud de l’Alsace, accompagné de grêlons de 3 à 4 cm de diamètre, les cours d’eau ont débordé, occasionnant une forte inondation, caves et routes submergées en nombre.
Haut-Rhin
En 2008, les 30 et 31 mai, de fortes pluies ainsi que des orages, ont engendré des crues et des inondations dans tout le Sundgau. La région entre Altkirch et la Porte de Bourgogne et d’Alsace a été particulièrement touchée : on a noté quelque 60mm d’eau en une demi-heure, considéré comme un phénomène centennal. L’état de « Catastrophe naturelle » est décrété dans vingt-deux communes du département du Haut-Rhin.
( 1 ) – Voir également les références bibliographiques de l’introduction
( 2 ) – Maurice Champion – Les inondations en France depuis le VIe siècle jusqu’à nos jours – Paris Dunod, 1863 – 6 volumes – Les crues et les inondations dans le bassin du Rhin, sont étudiées dans le volume 5, pp. 1-128.
( 3 ) – Annales et Chronique des Dominicains de Colmar – Traduction de Ch. Gérard et J. Liblin – 1854 – Les Dominicains s’établirent à Colmar en 1278.
( 4 ) – Michel Kleinlawel – Strassburgische Chronik – Strasbourg, 1625.
( 5 ) – Mathieu Mieg – Der Stadt Mulhausen Geschichten – Mulhouse, 1816, tome 2, p. 6.
( 6 ) – Baquol – L’Alsace ancienne et moderne – Strasbourg, 1851, p. 178.
( 7 ) – François-Joseph Merklen – Ensisheim, jadis ville libre impériale, et ancien siège de la Régence archiducale des pays antérieurs d’Autriche – Colmar, 2 vol. 1841 – vol. 1, p. 355.
( 8 ) – Mathieu Mieg – op. cit. Tome 2, p. 10.
( 9 ) – Chronique de la Famille Engelmann de Mulhouse – Traduite par Ernest Meininger – Le Vieux Mulhouse, Tome V, Mulhouse 1914. Passim.
( 10 ) – Schoepflin-Ravenez – Alsatia illustrata – Mulhouse, 1854, 6 vol. tome V, p. 159.
( 11 ) – Klägliche Beschreibung der entsetzlichen Ueberschwemmung, welche sich im Jahr 1740 schon dem 4 december gezeiget, aber den 18. bis 22ten des Abends zwischen 5 und 6 Uhr gewaltig gestiegen, und ungefehr 3 Stunden am höchsten gestanden – von J. Ch. Jenner, Bürger und Wagnermeister in der Krutenau, Stras-sburg, 1740. in 4°.
( 12 ) – M. Coumes, Ingénieur en Chef des ponts et Chaussées : Notice sur les travaux du Rhin ( p. 56 ). Extrait de la « Description du Département du Bas-Rhin », publiée par le Conseil Général, sous les auspices de M. Migneret, Préfet – Strasbourg, 1860.
( 13 ) – Hoffmann – L’Alsace au XVIIIe siècle – Colmar, 1907, pp. 177-178.
( 14 ) – Marie-Claire Juillard – Les grandes catastrophes dans le Haut-Rhin – Archives & Cultures, Paris, 2009.
( 15 ) – Der Schreckentag oder der 23ste Juni 1822 – Strassburger Hinkende Boote, 1823. Auguste Stoeber a raconté cette tragique journée dans les feuillets périodiques « Erwinia » : Drei Küsse, mai 1838.
( 16 ) – Herenschneider – Résumé des observations météorologiques faites à Strasbourg pendant l’année 1824 – Journal de la Société des sciences, agriculture et arts de Strasbourg, année 1825.
( 17 ) – F.E. Fodéré – Notice historique sur les inondations de l’année 1824, avec un essai sur les causes de ces inondations – Journal de la Sté des Sciences, Agriculture et Arts du Département du Bas-Rhin, II, 1825.
( 18 ) – M. Coumes – op. cit ( 12 )
( 19 ) L’industriel Alsacien – 1er mars 1860. Cité par Annette et Jean-Luc Eichenlauer – Daniel Daske – « L’Ill, rivière oubliée » – Editions du Rhin, 1990, 230 pp. Crues et aménagements, pp. 79-103.
( 20 ) – H. Fecht – Der strassburger Ill-Hochwasser Kanal – Berlin 1894 ( BNUS M36854 )
( 20b) – Frédéric Bischoff – Les rivières et les canaux de la région d’Erstein – « Contact », Bulletin du Collège d’Er-stein, n°6, 1978.
( 21 ) – Guy Robineau – L’organisation de la défense contre les crues du Rhin en rive française – Bulletins de l’Amure, 1991-3 et 1992-4.
( 22 ) – Camille Lehmann – Chronique des inondations à Mulhouse ( 1470 – 1966 ) – Bulletin du Musée Historique de Mulhouse, LXXV, 1967, pp. 140-181. ( 23 ) – André Stentz – La crue simultanée du Rhin et de l’Ill de janvier 1955 – Bulletin de l’Amure, 1989-1.
( 23 ) – René Descombes – Recherches sur le Magistrat du Rhin Revue d’Alsace 2012