La batellerie sur le Rhône remonte aux temps les plus anciens, nous dit mon collègue Jean Moussa, ingénieur du Service de la Navigation Rhône-Saône à Lyon. Les Grecs et les Romains, tournées géographiquement vers la mer, furent de vaillants navigateurs, et ils le furent de façon efficace pour la pénétration dans les pays du Rhône et de la vallée de la Saône, voie naturelle préexistante à toute autre.
Les mariniers du Rhône, ainsi que ceux de la Saône, furent très tôt organisés en corporations, très influentes, et très florissantes, notamment à Lyon.
Le vocabulaire présenté, a surtout trait à la navigation sur le Rhône, à gré d’eau en décise, halée par des chevaux à la remonte, qui a complètement disparu, tuée par la vapeur vers 1830-1840. Un certain nombre de ces termes ont survécu un temps avec la navigation à vapeur, elle-même disparue à son tour, un siècle plus tard. Voici donc un certain nombre de ces termes, sauvés de l’oubli par différents « rhodaniens ».
Il y a 24 mots de la batellerie dans ce répertoire commençant par la lettre C.
cadènesupport de l’empeinte, à l’avant du bateau
cadollebateau cabané servant de logement ou de magasin ; bateau typique de la Saône, 30 à 38 m Par extension, la marquise, la cabine ;
camardbateau cabané servant de logement ou de magasin ; bateau typique de la Saône, 30 à 38 m Par extension, la marquise, la cabine ;
carcagnatpetit plancher à l’avant d’une barque : analogue au tabagnon sur les bateaux de joute, en porte-à-faux en avant du nez de l’embarcation
carrougecorde transversale servant au maintien de l’empeinte
catimelerse dit lorsqu’on attache deux cordes bout à bout
catimiauxtas de pierres auquel on attache l’amarre, faute d’autre moyen d’amarrage en rive
centainevide dans le fond du bateau, permettant de placer le tube de la pompe d’épuisement, la sentine
ceysselandebateau construit à Seyssel ; 25,00 x 4,50 m, enfoncement de 1,50m
chaminerfaire avancer les chevaux ( = cheminer )
chenardc’est le petit bateau assurant l’équilibre de la roues à aubes des moulins-bateaux ( voir lanard )
chirattas de pierres auquel on attache l’amarre, faute d’autre moyen d’amarrage en rive
cisselandebateau construit à Seyssel ; 25,00 x 4,50 m, enfoncement de 1,50m
civardièrec’est la seconde barque des grands convois sur le Rhône
corps-mortpièce de bois enfoncée dans le sol, servant de point d’amarrage
couble ( couple )paire de chevaux attelés au même câble de halage C’est aussi le quadrige de chevaux de halage sur le Rhône : monture, seguin, faraman de monture et faraman de seguin
couradeaubrins de noisetier tordus ensemble servant à relier les pièces d’un radeau
couradoux rampe pour l’embarquement des chevaux ; aussi plat-bord d’une toue
courbe élément de l’ossature du bateau sur lequel sont fixées les planches du fond et du bordé
coursiersapine pour le transport des chevaux, d’une rive à l’autre, par exemple
couvrerse dit pour lover les cordages en rond ou en couronne ; on dit aussi « plier en caville »
culasser faire traverser le fleuve aux chevaux de halage, lorsque le chemin de halage change de rive
culattec’est la poupe, l’arrière du bateau
culs de piauxmariniers du Rhône, qui étaient vêtus jadis d’une culotte de cuir
Pour en savoir plus
Jean Moussa – Le langage technique des mariniers dans l’antique batellerie du Rhône – Revue « Rive gauche », Lyon, Juin, sept 1974, mars 1975
Lexique des termes rhodaniens et de la batellerie
Jacques Rossiaud – Dictionnaire du Rhône médiéval – Centre Alpin et Rhodanien d’Ethnologie, Grenoble, 2002
Nizier du Puitspelu ( Clair Tisseur ) – Le Littré de la Grand Côte – 1903 – Librairie Guénégaud, 1968
Nizier du Puitspelu ( Clair Tisseur ) – Dictionnaire étymologique du patois lyonnais – Lyon 1890 – Slatkine Reprints, Genève, 1970
Louis Bonnamour –Quelques termes et expressions en usage des gens de Saône Extrait de « La Saône, une rivière, des hommes » – Editions Christine Bonneton, 1981 – 125 pp